Branche Morelot Gareau Rérolle

Jean Baptiste Morelot (1752-1820)

Né le 9 mai 1752, il suit l'enseignement des Oratoriens au collège de Beaune (nous possédons un certificat de scolarité rédigé en latin par le RP Marchand, professeur de philosophie en 176925). Il fréquente ensuite la faculté de droit de Dijon et revient à Beaune pour créer, en 1775, un office notarial qui susiste encore de nos jours.
Il se marie le 21 octobre 1776 à
Jacquette Debard, née à Volnay, le 19 juillet 1749, fille d'Edme Debard, négociant à Volney et Beaune, et de Madeleine Fournier (contrat de mariage devant Decologne et Girardin). Jacquette meurt à 41 ans le 22 février 1792, après avoir donné le jour à quatre enfants dont trois sont vivants, âgés de 15, 11 et 10 ans. Jean-Baptiste se remarie le 22 octobre 1792 avec Marie Rollet, âgée de 59 ans, veuve sans enfant d'Henri Gaboreau, négociant en vins à Beaune, qu'elle avait épousé veuf le 24 octobre 1760. Marie était née à Chalon (Saint-Vincent) le 16 mai 1733, de Claude Rollet, marchand cordier, et de Marguerite Bonnot. Le contrat de mariage (devant Bouzerand et Ranfer) précise que Jean-Baptiste apporte une maison avec meubles et argenterie pour 22 200 livres, plus 6 200 livres de rente, indépendamment de l'usufruit de sa première épouse. Marie apporte des meubles et les produits de la dernière recette pour 37 600 livres, indépendamment du recouvrement de la succession d'Henri Gaboreau. Elle s'occupera avec affection des trois orphelins qui lui seront toujours très reconnaissants.
Jean-Baptiste deviendra rapidement le notaire de la bonne société beaunoise. Procureur de la ch
âtellenie de Pommard et Volnay, il assistait souvent aux assemblées des communautés rurales dont il dressait procès-verbal et certifiait les décisions. En voici quelques exemples relevés dans les minutes de son étude :
- le 18 août 1782 à Échevronne et Changey, les habitants s'opposent au chapitre de Saulieu pour le dixième qu'ils doivent verser sur le chanvre, le turquie et autres menues graines ;
-
le 8 septembre de la même année, à Bouilland, il est question des bois communaux, objet d'un procès entre le sieur Dupré, seigneur de Bouilland, et Madame Courtot de Cissey, héritière de Mademoiselle Theureau ;
- le 24 janvier 1783 à Melin, les habitants veulent veulent faire appel d'un jugement accordant une modération de taille au fermier Dominique Rocaut ;
-
le 21 avril 1784, la communauté de Volnay doit choisir un nouveau maître d'école et voter une gratification au maître sortant ;
- le 16 août 1787 à La Rochepot, la famille Blancheton se plaint de ce que son banc a été changé de place à l'occasion de travaux dans l'église et qu'il se trouve désormais au cinquième rang.
En 1789, il assiste dans son étude à un conseil de famille demandant l'internement du jeune Étienne Ravinet.
En 1790, il représente Laborde-au-Chateau comme député du Tiers État à l'assemblée principale de Dijon le 28 mars. Les premières années de la Révolution se passent sans encombre, mais les ennuis commencent dès le printemps 1793. Le 2 mai 1793, un arrêté du département le consigne à son domicile malgré une pétition signée le 12 juin par une quarantaine de citoyens actifs de Beaune demandant pour lui une pleine liberté. Déjà le 2 janvier précédent, un certificat de probité, attestant qu'il avait mérité à juste titre l'estime et la considération publique, avait recueilli une centaine de signature.
Malgré cela, le 22 février 1794, il est arrêté et emprisonné à Dijon par réquisition du Comité de surveillance de Beaune. Il revient à Beaune le 9 mars et, le 14 mars, il est condamné par le tribunal du district de Beaune :
- à payer une amende égale à six fois sa contribution foncière (640 livres) ;
- à être rayé du tableau civique ;
- à devenir incapable de remplir un emploi civil ou militaire ;
- à remettre ses minutes et répertoires entre les mains du plus ancien notaire de la ville.
Cette condamnation résulte de deux chefs d'accusation :
1
o avoir contrevenu à la loi du 23 juin 1790 en donnant à la femme Richard dans l'acte de souscription de son testament olographe, des qualifications proscrites par la loi, telles que : dame, madame, messire, président à mortier, son château, le sieur, le Président ;
2o n'avoir pas fait la déclaration prescrite par l'article deux de la loi du 23 août 1792 en ce qui concerne le paquet déposé chez lui par un émigré, M. Guillemin, « en tous les dommages et intérêts qui peuvent résulter à la Nation de la perte des effets cachés dans le domicile de Guillemin et autres endroits énoncés dans la loi du 27 novembre 1791 et qu'il dit avoir déposé chez lui le 30 du même mois… »
Le 15 avril 1795, il interjette appel de ce jugement devant le tribunal du district de Dijon après avoir adressé à la Convention une supplique dans laquelle il se plaint de la sévérité du jugement.
Le 15 avril 1795, il interjette appel de ce jugement devant le tribunal du district de Dijon après avoir adressé à la Convention une supplique dans laquelle il se plaint de la sévérité du jugement.
Il n'est d'ailleurs pas le seul à souffrir de cette période difficile, car le 6 avril 1794 un arrêté de Pioche-Fer Bernard, représentant du peuple, décide qu'Émiland Renfert, Jean Marotte, Jean-Baptiste, Belin et Decologne, notaires publique à Beaune, non pourvus de certificat de civisme, cesseront d'exercer leurs fonctions et seront remplacés selon la réforme prévue par la loi.
Le 25 avril 1794, le Tribunal du district de Dijon reçoit son appel et lui donne raison.
Cette décision est motivée par des considérations essentiellement juridiques qui concerne la forme et non le fond du jugement.
1
O à l'époque où a énoncé les qualifications proscrites (17 mai 1792), la seule loi en cause est celle du 30 juin 1790. Et cette loi ne contient aucune disposition pénale contre les contre­venants. Or le décret du 24 août 1790 sur l'ordre judiciaire interdit d'interprêter les lois et d'aller au-delà des dispositions qu'elles referment. Le jugement condamnant Morelot à des peines graves peut d'autant moins se soutenir qu'il donne un effet rétroactif à la loi du 17 octobre 1792 postérieure de quatre mois au délit.
2
O la condamnation résultant de la non-déclaration du paquet est annulée pour vice de forme. Elle intervient en effet sur la poursuite du commissaire national qui s'est rendu partie civile et a introduit au tribunal la demande en dommages et intérêts. En cela il a excédé ses pouvoirs, la moi ne lui donnant pas la voie d'action mais seulement celle de réquisition dans les procès dont les juges ont été saisis. Le tribunal a donc prononcé sans avoir de partie légitime, ce qui rend son jugement absolument irrégulier.
Le tribunal de Dijon annule donc le jugement de Beaune « sauf néanmoins toute action et pousuite ultérieures » expressément réservées à l'agent national du district de « Beaune ».
Morelot obtient un certificat de civisme et reprend ses fonctions de notaire. Il obtient du tribunal de Beaune l'autorisation de reprendre
ses minutes chez le notaire Sausset. Il semble bien qu'aucune suite n'ait été donnée à cette affaire. Sans doute bénéficia-t-il dans ce procès de nombreux appuis locaux et de son appartenance à la maçonnerie27.


Au moment de l'emprunt forcé de l'an
IV, nous retrouvons Jean-Baptiste sur le rôle ; notaire et propriétaire, il devra payer 400 francs.
En 1809, il est nommé par le préfet administrateur des Hospices et il le restera jusqu'à sa mort. C'est à ce titre que son portrait figure dans l'ancien laboratoire de l'Hôtel-Dieu, à coté de celui de son frère.
Il meurt à son domicile rue du Marché le 9 septembre 1820 à l'age de 68 ans et à 4 mois d'une crise d'étouffement occasionnée, semble-t-il, par un œdème aigu du poumon. L'autopsie pratiquée le 11 septembre par les docteurs Voillot et Masson montrait une dilatation du ventricule gauche avec des calcifications des valvules aortiques et de l'aorte jusqu'à la crosse.
Sa veuve fera, en souvenir de lui, un don de 2 000
francs à l'Hospice de la Charité. Ses trois enfants laisseront à leur belle-mère l'entière jouissance de tous les biens meubles et immeubles laissés par leur père « voulant donner à la dame Rollet, veuve de notre père bien-aimé, un témoignage authentique du respect que nous avons pour elle et de l'amitié que nous lui portons, croyant ainsi exécuter la volonté de l'excellent père que nous regrettons… »
L'aîné des enfants, Denis Blaise, sera médecin. Le second, Philibert Jacques Angélique reprendra l'étude paternelle. La troisième, Jeanne Baptiste Marie Dorothée épousera le négociant beaunois Jean-Baptiste Laligant.

A – Denis Blaise Morelot (1877-1855)

Prénommé comme son grand-père le chirurgien, il naît le 11 septembre 1777 à Beaune. Après des études classiques au collège des oratoriens de Beaune, il s'initie à la chirurgie près de son oncle Simon Étienne Hugues.
Le 22 avril 1795, il est nommé à 18 ans chirurgien de 3
e classe à l'armée de Sambre-et-Meuse, mais il ne rejoint pas son poste et s'inscrit à l'École spéciale de médecine de Strasbourg après avoir subi avec succès le concours d'admission. Mais le fonctionnement de cette école est suspendu le 22 septembre 1797…
Il demande alors son admission à l'hôpital militaire de la ville, « ayant consommé, écrit-il, une partie de mon petit patrimoine pour vivre à Strasbourg ». Cette demande est refusée parce qu'il n'avait pas assuré son poste de chirurgien militaire depuis le début de la guerre.
Cependant, nous le retrouvons en l'an
VIII (1799) chirurgien de l'armée d'Italie, affecté à l'hôpital de Grenoble où il restera trois ans28. Il devint membre associé de la société de médecine de cette ville, de la Société des Arts et Sciences et de l'Académie delphinale. Il présentera de nombreuses communications à ces trois sociétés.
Le 22 novembre 1803, il soutient à la faculté de Montpellier une thèse de médecine en latin
De constitutione catarrhalis predominatione ; elle aurait été la première soutenue en latin depuis la réouverture de la faculté.
Après un séjour à Paris, il rentre à Beaune et, de 1806 à 1809, il est employé par l'armée à Bourbonne-les-Bains pendant la saison des eaux. Il exerce ensuite dans notre ville jusque vers 1850. Médecin « conservateur du fluide vaccinal » et vaccinateur cantonal, il recevra en 1840 une médaille d'argent du ministère de l'Intérieur pour son zèle dans la propagation de la vaccine (une médaille semblable récompensera plusieurs personne du département dont le curé Dupaquier de Saint-Romain
29).
Mais il s'intéresse de plus en plus à l'histoire, à l'archéologie et à la viticulture. Il devient membre de la commission des Antiquités départementales. Il envoie de nombreuses communications à ces sociétés et rédige une biographie, non publiée, des hommes illustres du canton de Pouilly-en-Auxois.
Mais il est surtout connu par ses travaux concernant la viticulture ; il possédait en effet un important
domaine hérité de ses parents, en majorité sur le territoire de Volnay (son frère ayant hérité des vignes situées sur Pommard).
La bibliothèque municipale de Beaune
possède deux de ses ouvrages :
- Statistique de la vigne dans le département de la Côte-d'Or ;
- Statistique œnologique de l'arrondissement de Beaune, département de la Côte-d'Or (extrait des
Annales de l'agriculture française, 2e série, tome XXIV, Paris, 1925).
Dans cet ouvrage, il décrit la côte viticole depuis Santenay jusqu'à Dijon ; il évoque la nature des sols qui explique les différences entre les vins (il a analysé la terre de plusieurs finages avec le pharmacien Pautet).
Il rappelle l'histoire du vignoble bourguignon et énumère les variété de cépage : le noirien (pinot ou pineau auvernat), le bureau ou beurot (pinot gris ou muscadet), le mâlain (entre pinot et gamay), le gamay (ou pinot grosse tête), le pinot blanc ou chardonnay, l'alligotet (ou alligotay), le gamay blanc et le melon qui lui est proche.
Il donne ensuite des conseils sur le travail de la vigne, détaillant les frais de culture par ouvrée (12,85 F au total) et énumère les accidents et maladies qui peuvent éprouver le vignoble.
Il fournit enfin une statistique sur la qualité et la quantité des vendanges de 1787 à 1823 : quatre années d'abondance extraordinaire, treize bonnes années et vingt produits médiocres ou petits. Il conclut en affirmant que le revenu des vignes est très aléatoire et termine par des conseils sur la vinification, l'élevage des vins et sur des notions de dégustation.
Parlant des vins de Beaune, il estime qu'ils peuvent rivaliser avec les meilleurs de la Côte ; ils sont fermes, colorés et pleins de bouquet ; ils sont moelleux et ont le précieux avantage de pouvoir se garder longtemps. Cependant, d'après une ancienne coutume, lors qu'on fait le prix des vins à l'administration des Hospices de Beaune, les vins de cette Côte sont estimés dix francs de moins par queue de deux pièces que ceux de Pommard et vingt de moins que ceux de Volnay.
Après Pasumot, il infirme la croyance en la présence d'un volcan éteint à Volnay (signalée par Gandelot) : « Cette excavation est due à des éboulements intérieurs occasionnés, lors des pluies de longue durée, par une sorte de torrent qui se précipite au dehors pendant deux jours, puis se tarit. »
Il signale la présence abondante sur la montagne de Blagny de la petite sauge (salvia officinalis) très utilisée par les habitants des villages voisins contre l'anorexie, l'aménor
rhée et les fièvres intermittentes de l'automne.
Enfin, il attire l'attention de l'administration sur l'intérêt thérapeutique des eaux de Santenay30.

Le 27 août 1804, Denis Blaise épouse à Éguilly, près de Pouilly-en-Auxois, Jeanne Gareau, née le 6 août 1785 à Éguilly, dont le père Louis Ursin est propriétaire terrien marié
à Anne Driot. Après la mort de son beau-père, il hérite de la maison Gareau que l'on peut toujours voir sur la route départementale allant de Pouilly à Semur.
Il y habitera de plus en plus souvent, sera maire de la commune pendant plusieurs années et y décédera le 11 novembre 1855. Sa tombe, en très mauvais état, est encore visible au cimetière d'Éguilly.

Ses trois fils resterons dans la région :

1. Louis Émile Morelot (1805-)

L'aîné Louis Émile Morelot, né le 8 juillet 1805, laisse à son frère Théodore Philibert la propriété d'Éguilly et va s'installer au château de Blancey31, tout proche, acheté par son père à Monsieur Dareau. Il est exploitant agricole et devient maire de Blancey. En 1861, lors du mariage de sa fille Louise, il signe propriétaire et maire.
Il épouse le 30 mars 1834 Catherine Cécile Victorine Laureau, née le 28 novembre 1814, fille de Noël, propriétaire à Semur, et de Catherine Guényot. Son oncle Laureau-Compagnot est notaire à Semur.
Émile et Victorine auront quatre enfants,
dont le dernier meurt en bas âge :

a) Albert Morelot

Denis Albert Morelot, né à Semur le 10 février 1835, reprend l'exploitation de son père à Blancey. Il épouse en 1863 Marie Louise Saulgeot, née à Painblanc en 1841, dont il aura deux filles :
-
Berthe Eugénie, morte en 1975 à Painblanc ;
-
Louise (1884-1956) épousera Antoine Grillot d'Autun et n'aura pas d'enfant. Très géné­reuse, elle dépensera la fortune de son mari et, après sa mort, vendra peu à peu les terres et le château de Blancey.

b) Noël Morelot

Noël Léon Morelot, né à Semur le 17 juin 1837, sera médecin à Paris où il avait étudié et soutenu sa thèse en 1870 sur « la valeur pronostique des éruptions miliaires dans le rhumatisme articulaire aigu32 ». Il est resté célibataire et habitera successivement 68 ter rue Réaumur, 59 boulevard de Strasbourg et, après sa retraite, 16 rue de la Fidélité.

c) Louise Morelot (1841-1938)

Louise Gustave Morelot, née à Semur le 7 décembre 1841, épouse à Blancey le 22 avril 1861 Louis Ferdinand dit Fernand Rérolle, né à Fontainebleau en 1835, fils de Jacques François, ingénieur en retraite, chevalier de la Légion d'honneur, domicilié à Orléans, et dont l'épouse Louise Félicité Georgeon est décédée depuis 1842. Fernand Rérolle est exploitant agricole à Semarey par Commarin. Il aura deux fils :

- Henri Rérolle, avocat à Paris, mort en 1820 ;
-
Louis Rérolle, exploitant agricole à Commarin, marié à Clementine Coujard de Laverchère. Ils auront eux-mêmes deux fils, Henri, marié à Louise Mulsant et Fernand, [marié à Hélène Surel,]et onze petits-enfants.

d) Louis Henry (1845-)

Mort en bas-âge.

2. Jean Baptiste Gustave Morelot

Le second fils de Denis Blaise, Jean Baptiste Gustave Morelot né en 1804, épouse Geneviève Françoise Louise Laureau dont la sœur a épousé son frère. Les deux mariages sont célébrés à Semur le même jour.
Propriétaire et avocat à Semur, il sera premier adjoint du maire de sa ville. Il meurt le 4 octobre 1859, sans descendance.

3. Théodore Philibert Denis Morelot

Le troisième, Théodore Philibert Denis, né le 24 février 1814, reste à Éguilly. Il y a épousé, le 11 mars 1840, Laurence Adelphine Fieux.

a) Denis Charles Julien Morelot

Né à Arnay-le-Duc en 1841, il épouse, en ?, Marie Guillot de Juilly née en 1837 qui meurt à 27 ans après la naissance d'un fils Julien Pierre.
Il vend alors la propriété d'Éguilly à son fermier Jacques Chalon qui y vécut ainsi que ses descendants. Son arrière petite-fille, Mademoiselle Labouré, est morte l'an dernier chez les
Petites Sœurs des pauvres à Dijon. Elle m'a raconté avoir entendu dire par ses parents que les dames Morelot (probablement les belles filles de Denis Blaise) menaient une vie très mondaine et que le châtelain de Gissey-le-Viel se serait suicidé pour l'amour d'une d'elles. Elle m'a écrit aussi que son grand-père, après avoir terminé ses études à Saulieu, devait conduire ces dames à Beaune pour des soirées ; comme elles portaient des crinolines, le voyage d'Éguilly à Beaune se faisait dans une charrette à foin !
Julien s'installe alors à La Roquette, près de Pont-de-Cologne, et se remarie avec sa gouvernante Françoise Ramoussin, née à Beaune en 1851
33. Après la mort de son mari, elle vend La Roquette à Monsieur Billequin d'Arnay et revient à Beaune pour y mourir en 1925.

- Julien Pierre Morelot, fils de Marie Guillot de Juilly, né en 1864, avait un pied bot. Il épouse Marguerite Leneuf, née en 1872, à Saint-Beurru (Beurisot), fille d'un facteur d'Arnay-le-Duc. Ils eurent deux ou trois filles, dont Juliette, née en 1901, morte en 1972, mariée à Camille Grillet. Représentant de commerce à Paris, Julien Pierre revient mourir en 1901 à l'hôpital d'Arnay-le-Duc. Sa dernière fille est posthume.

b) Eugène Charles Marin Morelot

Le second fils de Théodore Philibert, né à Éguilly le 11 novembre 1846, sera militaire comme son grand-père maternel. Il meurt à 39 ans, en 1885.

B – Philibert Jacques Angélique Morelot (1781-1860)

Il est le second fils du notaire Jean Baptiste Morelot. Né à Beaune le 17 novembre 1781, après des études classiques au collège de Beaune, il étudie le droit à Dijon et est licencié le 4 août 1807. Mais en 1809, il reprend l'office notarial de son père. A ce titre il prête serment devant le tribunal de première instance et dépose sa signature à la mairie le 5 avril 1809. Il est officiellement nommé par décret impérial du 7 juillet 1809, signé du camp Wolkendorf.
Le 30 novembre 1811, il épouse à Beaune Marie Antoinette Eugénie de Roque née à Colmar le 27 août 1791. Elle est la fille d'Antoine Michel Ignace de Rocque, colonel émigré au service de l'Autriche, et de Catherine Rose Fazende de Souville, morte en couches à Gratz en Styrie en mars 1805.
Philibert Jacques Angélique avait fait la connaissance de la famille de Rocque à l'oc­ca­sion de la succession de la grande-tante de sa fiancée, Anne Gilberte de Laramisse. Le contrat est passé devant Maître Girardin, notaire impérial à Beaune. Jean Baptiste Morelot apportait à son fils un domaine à Santenay estimé à 30 000 francs et d'un revenu de 1 450 francs ; il versait aussi le cautionnement de 24 000 francs exigé pour les notaires. Made­moi­selle de Rocque apportait le tiers de la succession de sa grande-tante indivise avec ses deux frères Auguste François Conrad et Henri Louis de Rocque34.
Le 22 décembre 1809, Philibert Jacques Angélique remplace son père au comité consultatif des Hospices et établissement de bienfaisance de l'arrondissement.
En 1833, il devient second adjoint, chargé de l'état civil, du maire Routy de Cha
­ro­don et membre du Conseil de Charité institué par ordonnace royale du 31 octobre 1821 ; ce comité est dirigé par le président du tribunal de première instance Bachey-Deslandes.
En 1824, il remplace Moissenet, décédé, au Conseil d'arrondissement et devient membre du comité de souscription pour « l'érection du monument religieux en l'honneur des victimes immolées à Quiberon ». En 1826, il remplace Richard d'Ivry, démissionnaire, au bureau d'administration du collège.
La Révolution de 1830 entraîne son départ de la mairie, du conseil d'arrondissement, et sa démission du Collège. Il se contente désormais de fonctions charitables et religieuses :
- Membre et receveur de la fabrique de Notre-Dame (1834) ;
- Membre du bureau de bienfaisance ;
- Correspondant de la Société de saint Vincent de Paul de Dijon et président de la Société de saint Régis de Beaune (1843) ;
- Membre de la commission cantonale chargée d'établir la statistique des pauvres et indigents (1841) ;
- Membre du bureau d'assistance publique de Beaune (il est nommé en 1852 par le procureur de la République à Beaune, Thomas Delamarche) ;
- Juge de paix suppléant de 1841 à 1848 (le gouvernement provisoire le remplace par Masson).

Il possédait une belle bibliothèque (sans doute recensée dans l'inventaire de ses biens après son décès, mais les minutes du notaire Girardin ne sont pas accessibles actuellement aux Archives départementales). Il aimait aussi la musique. « Il tenait avec habileté la contrebasse, instrument qui trouve aussi bien sa place dans la symphonie que dans l'harmonie. »
Il meurt à 78 ans, le 5 janvier 1860 ; sa femme lui survivra trois ans et demi (le 18 juin 1864). Dans son testament olographe du 22 février 1823, il écrivait :
« Voulant donner à mon excellente épouse, Marie Antoinette Eugénie de Rocque, une preuve de la tendresse que j'ai pour elle, je déclare que je lui donne l'usufruit pendant sa vie, sans être tenue de fournir caution, de tous les biens meubles et immeubles dont la loi me laisse la faculté de disposer en sa faveur. »
Après sa mort, sa veuve fera en juillet 1860 une donation-partage de son héritage à ses enfants. L'inventaire rédigé après sa mort par Maître Girardin fournit une description très complète de la maison qu'elle habite entre la rue Saint Pierre et la rue Paradis. Cette maison venait
de Marie Rollet, seconde épouse de Jean-Baptiste Morelot, qui la tenait elle-même de son premier mari Henri Gaboreau.
Philibert Jacques Angélique avait cédé sa charge de notaire en 1840 à Maître Veraux (1840-1852) auquel succédèrent : Marillier (1852-1857), Ricaud (1857-1868), Jourdy, Ducoin, Laneyrie, Lussigny. L'office est actuellement tenu par Geneviève Echinard et Claude Segaut.
A sa mort, il laissait seulement trois enfants, car le troisième, Auguste Albert, né le 14 février 1819, était mort à 18 ans, le 16 février 1837, alors qu'il étudiait le droit à Dijon. C'est probablement lui qui devait reprendre l'étude paternelle.

1. Marie Antoinette Eugénie Morelot (1812-

Née le 6 octobre 1812, elle épouse le 31 août 1835 à Beaune, Bernard Charles Chevignard de la Pallue, né le 20 août 1805, propriétaire de vignobles, fils d'Edme Vivant Joseph, conseiller au parlement de Bourgogne, et de Claudine Bouzereau. Charles abandonne la particule et se fait appeler désormais Chevignard-Morelot.
Le couple sera à l'origine d'une très nombreuse famille dont nous ne pouvons pas citer tous les descendants. Il existe d'ailleurs une généalogie complète (en 1989) rédigée par Bernard Chevignard dans « L'État de la noblesse française subsistante », vol. 17, de Michel Authier et Alain Galbrun.
Les Chevignard-Morelot auront cinq enfants :

a) Edme Antoine Ernest Chevignard (1836-1914)

Ordonné pêtre à Paris en 1861 (premier prêtre Chevignard depuis le XVIIe siècle), il sera successivement vicaire à Chatillon (1862), curé de Montagny en 1867, et curé de Monthelie de 1892 à sa mort en 1914.

b) Alfred Chevignard (1839-1904)

Fondateur de la branche aînée, marié à Lucie Mauguin (1845-1927), sera banquier à Dijon. Il aura douze enfants parmi lesquels quatre religieuses (trois filles de la Charité et une Petite Sœur des pauvres) et un prêtre, André Chevignard (1879-1949) ; ordonné en 1905, il sera vicaire à Meursault, curé de Corberon (1911), curé doyen de Grancey (1933), aumônier de l'hôpital de Semur avant de se retirer en 1948 à la centrale de l'Action catholique35.
Le fils aîné d'Alfred,
Georges Chevignard (1872-1954), marié avec Marguerite Catel (1883-1954), succédera comme banquier à son père. Il aura lui-même neuf enfants, dont quatre religieuses : une carmélite, Élisabeth, récemment béatifiée, deux dominicaines gardes-malades, et une fille de Marie ; et un prêtre, Pierre Marie Joseph Chevignard (1915-1983). Après des études à l'école Saint-Joseph, au petit séminaire de Flavigny, puis au grand séminaire de Dijon, il est ordonné le 8 juin 1944 à Dijon. Il sera successivement vicaire à Magny-Saint-Médard en 1944, secrétaire de l'évêque de Dijon, Monseigneur Sembel, en 1948, chanoine honoraire en 1954, chancelier de l'évêché et aumônier de la Visitation en 195835.
Le sixième fils de Georges, Jacques Chevignard, né en 1917 et marié à Éléonor Hatch, née aux États-Unis en 1919, était secrétaire général de la confrérie des Tastevins. Il a lui-même six enfants et de nombreux petits-enfants.

c) Une fille morte en bas âge.

d) Louis Edme Chevignard (1845-1896)

Fondateur de la branche cadette, il épouse en 1876 Joséphine Henriette Émilie Gudin de Vallerin (1851-1939). Il aura quatre enfants, parmi lesquels la Sœur Étiennette Marie Edmée Chevignard (1880-1959), religieuse hospitalière à l'Hôtel-Dieu de Beaune. Elle entre comme postulante en 1905 sous la férule de sœur Labaume, sévère maîtresse des novices. Elle prend l'habit en 1908, fait profession de foi en 1911 et profession perpétuelle en 1939. Malgré une santé fragile (elle est opérée à deux reprises pour un ulcère d'estomac), elle se dépense beaucoup pour soigner les blessés pendant la guerre 1914-1918. Comme toutes les sœurs à cette époque, elle change de service tous les trois ans et elle manifeste partout la même sollicitude et le même respect pour les malades.
En 1940, elle est élue économe générale et se révèle une excellente gestionnaire, si bien qu'elle est régulièrement reconduite dans cette charge. En 1948, elle assure le service de l'infirmerie des sœurs et y restera jusqu'à sa mort, passant progressivement du rôle de soignant à celui de soignée, acceptant avec patience et humilité les infirmités de la vieillesse36.

Son frère Edme Joseph Chevignard (1891-1932), marié à Anne Alice Madeleine Quantin (1895-1983), travaille à la succursale beaunoise de la banque Chevignard. Il aura enfants dont le second meurt en bas âge.

Le troisième, Daniel Chevignard, né en 1923, épouse Denise Bardet, fille du Docteur Henri Bardet de Beaune. Colonel des transmissions, chevalier de la Légion d'honneur, il a lui-même deux fils qui sont officiers de carrière.

e)Edme Paul (1846-1888)

Employé au chemin de fer Paris-Orléans.

2. Albert Henri Louis Morelot (1835-1895)

Né le 16 avril 1835 à Beaune, il est d'abord élève des frères des écoles chrétiennes, puis du collège de Beaune ; il termine ses études secondaires au collège de l'Assomption à Nîmes. Licencié en droit à Dijon, il revient à Beaune comme avocat mais gère surtout ses propriétés de Pommard et de Beaune.
Sa femme Marguerite Desforges le quitte pour mener à Paris une vie que l'on dit tapageuse et lui laisse le soin d'élever ses trois enfants.
Très pieux, Henri est marguiller-trésorier du conseil de fabrique de Notre-Dame et, avec Cyrot, un des promoteurs de la restauration de cette collégiale (sic). Musicien comme son père, il tenait l'orgue du chœur. Il participe à de nombreuses œuvres de bienfaisances : frères des écoles chrétiennes, patronage des enfants pauvres, conférence de saint Vincent de Paul, œuvre du fourneau économique.
Membre actif de la Société d'histoire et d'archéologie de Beaune, il est assidu à ses réunions. Sa notice nécrologique, rédigée par Bizouard de Montille, figure dans le bulletin dans la SHAB en 1895.
Après la mort de sa sœur célibataire Jeanne Louise le 25 avril, il partage avec sa
sœur Eugénie Chevignard l'héritage estimé à 127 000 francs. Il reçoit la moitié qui ne lui appartenait pas encore du domaine de Pommard et reverse une soult à sa sœur.
Les trois enfants semblent avoir été très perturbés par le départ de leur mère.

a) Pierre Philibert Maurice Morelot

L'aîné sera publiciste aux Dépêches de Dijon. Sa première femme, Berthe Gérard, son aînée de neuf ans, meurt 46 ans, un an après son mariage. Il se remarie en 1904 à Émilie Chardot âgée de 28 ans.

b) Jeanne Marie Thérèse

La seconde, née le 27 février 1867, restera célibataire et finira ses jours à La Rochepot où elle meurt en 1925 à 58 ans.

c) Louis Albert Morelot

Il sera prêtre. Né le 7 janvier 1869, il semble qu'il ait été très marqué par le départ de sa mère. L'allocution prononcée à ses obsèques par le chanoine Contant, archiprêtre de Semur, traduit en termes à peine voilés un certain déséquilibre mental. Sa santé délicate a entrainé, dit-il, plusieurs interruptions de son ministère ; elle explique des changements d'humeur, des variations dans ses décisions et des périodes de découragement qui surprenaient son entourage.

C. Jeanne Baptiste Marie Dorothée Morelot (1777-)

Fille du notaire Jean Baptiste, elle est née le 3 décembre 1779 à Beaune. Elle épouse le 8 juillet 1798 Jean Baptiste Laligant, négociant à Beaune, né le 16 mars 1769. C'est le fils de Claude Laligant, négociant à Beaune et de Françoise Moine. Claude Laligant était originaire de Mimeure près d'Arnay-le-Duc et s'était installé à Beaune après son mariage.
Jean-Baptiste, comme son frère qui portait le même prénom, s'était engagé en 1793 puis était revenu à Beaune pur travailler avec son père.
Ils eurent huit enfants dont trois morts en bas âge :

1. Louis François Alphonse Laligant (1806-)

Né le 23 septembre 1806, il épouse le 6 septembre Edmée Thérèse Chameroy née le 24 janvier 1806. Ils fondèrent la maison de vins Laligant-Chameroy qui fut achetée avec une grande partie des vignes par Simon Moyne. Après la mort de son fils unique à la guerre de 1914-1918, ce dernier la légua à sa nièce, Mademoiselle Bouvet qui épousera Robert Tourlière, l'actuel propriétaire.
Louis François Alphonse meurt le 13 août 18
61 et Edmée Thérèse le 11 avril 1876. Ils avaient eu six enfants :

- Marguerite Thérèse Jacquette Louise (1831-1878) épouse le 17 juillet 1854 à Beaune Marie Léon Levy, représentant en charbonnage. Ils auront trois filles dont l'aînée, Thérèse, a épousé le docteur Lebeau de Paris ;

- Victorine Angélique (1837-1903) épouse, le 11 février 1855 à Beaune, Claude Olivier Mouton, médecin à Montceau. Elle habitera au « Clos Chameroy », entre Beaune et Savigny, actuellement occupé par la zone industrielle38.

2. Marie Antoinette Eugénie (1841-)

Elle épouse, le 29 mai 1860 à Beaune, Félix François Albert Moignot (1834-1880), avoué à Gray, puis négociant à Beaune. Les Moignot eurent trois enfants :
-
Victorine Madeleine (1880-1903) épouse à Beaune le 27 février 1905 Marcel Lorne (1878-1954) de Sens. […]

3. Eugénie Marie Antoinette

4. Victoire

5. Victor Laligant